Quand soudain, deux mondes s’entrechoquent – Hommage à Gisèle Halimi

L’article date de septembre 2017, au lendemain d’une projection du film Le viol, au sein des locaux de France Télévision. Il date de ce moment de plus – deux ou trois films en retracent d’autres – où l’un de ses combats est devenu fiction pour mieux entrer dans l’Histoire.

Un film précis, touchant, incisif.

L’hommage n’en reste pas moins valable. Il n’en est pas moins sincère. Merci Gisèle Halimi. Merci Madame d’avoir été, d’être.

Merci pour tout.

Un instant d’Histoire. Une secousse qui devrait remuer un public qui n’en a pas l’habitude. Une gifle qui ne se contente pas du manichéisme.

 

Il teste. Il met au défi. Il oppose aux grands discours, le doute. Il retranscrit le trouble, le malaise qui a dû s’immiscer dans les esprits de l’époque, la gêne de celles et ceux pour lesquel.le.s le monde était déjà suffisamment compliqué pour le compliquer d’extravagances, de  libertés  trop anormales pour être pensées, prononcées. Pas tant que les circonstances n’imposent la réflexion, le passage à l’action. Pas tant que l’Histoire ne réclame son dû.

Quand l’histoire réclame son dû

C’est l’histoire d’un plan drague qui a mal tourné. C’est l’histoire de l’erreur qui s’en est suivie. C’est l’histoire du crime qu’elle était en réalité, qu’elle est devenue grâce à elle, Gisèle Halimi. C’est aussi l’histoire de deux femmes qui s’aimaient et qui ne s’en cachaient pas.

C’est l’histoire de celles et ceux qui croyaient être dans leur bon droit de vouloir corriger celles et ceux qui n’entrent pas dans les clous, celles et ceux qui ne s’aiment pas comme il faut. C’est l’histoire de deux femmes qui ne sont pas restées à leur place. C’est l’histoire de Anne Tonglet et d’Araceli Castellano devenues Malia et Nicole.

C’est l’histoire du moment où le silence s’est transformé en un grondement sourd, celui que précède les séismes, celui que renferment les ouragans les plus puissants. C’est le moment où le viol est devenu un crime. Le Viol, c’est un pan de l’histoire des femmes, non, de l’histoire de l’Humanité.

En 1978, seules 10% des victimes portent plainte. Aujourd’hui…

Le Viol, fiction d’Alain Tasma avec Clotilde Courau, Camille Sansterre, Bérangère McNeese

 

Programmation spéciale

Le Viol a été diffusé dans le cadre d’une soirée spéciale, sur France 3, le 19 septembre 2017. Le film a été suivi d’un débat animé par la journaliste Carole Gaessler intitulé Le viol, un crime sous silence, sur la nécessité pour les victimes de porter plainte puis du documentaire Le Procès, déjà diffusé sur la même chaîne,, toujours à propos d’elle, d’un autre de ses combats. L’affaire, portée par Gisèle Halimi, conduira à la pénalisation du viol en 1980. En 1978, seules 10% des victimes portent plainte. Aujourd’hui encore, porter plainte est compliqué.

Les limites imposées par La loi

Quand une femme est violée, c’est encore souvent, trop souvent, de sa faute. Parce qu’elle n’a pas été convenable. Parce qu’elle n’a pas su rester à sa place. Parce qu’elle aurait dû faire attention. Le droit fondamental de circuler, quelle que soit l’heure, quel que soit l’endroit, sans avoir besoin de demander la permission, de se presser, de se cacher, de s’excuser, de faire profil bas, d’avoir peur d’être elle-même, d’être femme, peut encore de lui être dénié, même par celles et ceux censé.e.s protéger, défendre. Aujourd’hui encore, seules 13% des femmes violées osent porter plaintes. 3% de plus qu’en 1978. Juste 3%.

Faire La différence ne tient qu’en quelques mots, en deux sans doute: la foi et l’engagement

Aujourd’hui, je pense aux femmes et aux hommes tel.le.s que Gisèle Halimi, à celles et ceux qui s’en vont, à celles et ceux qui restent, à nous tou.t.e.s, en nos grades et qualités et me dis que la différence ne tient qu’en quelques mots, en deux sans doute: la foi et l’engagement. Changer le monde tient en peu de choses, finalement. Trop peu pour ne pas vouloir s’y engager.

Changer le monde tient en peu de chose. Trop peu pour ne pas vouloir s’y engager

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