Superposition – Défier les éléments pour inscrire l’art dans les mémoires

Un voyage à Lyon, un coup de tête en fin de semaine, pour profiter des beaux jours. Deux jours. C’est le temps qu’il a fallu pour découvrir cette magnifique initiative. C’était il y a un peu plus de trois ans. Aujourd’hui, Superposition annonce son dernier communiqué de presse, sa dernière manifestation, tout en flamboyance, sa fermeture, le 16 février 2023. Et une question se pose : faut-il être riche pour faire de l’art, pour vivre de l’art ? Non, répond Orbiane Wolff, directrice de Superposition. Dans les vocaux qu’elle nous transmet de là-bas, on sent le temps qui file, qui manque, le souci de tout régler avant de partir, la tristesse.

Sincèrement, je ne regrette pas grand chose de cette aventure…

Orbiane

Si vous deviez vous décrire en trois mots, lesquels seraient-ils ?

Spontanée, engagée et persévérante… C’est un exercice difficile…

Quel était l’objet de Superposition ? Comment et pourquoi ce collectif a-t-il été créé ?

La promotion des cultures urbaines.
L’association a été créée en vue de développer des outils pour accompagner les artistes dans leur professionnalisation, pour créer des situations de rencontres entre publics et artistes. Dernièrement, nous avons souhaité proposer des espace d’occupation temporaires, afin de fournir des ateliers de production aux artistes.

Le collectif a été crée parce que nous avons identifié un besoin : faire rayonner les artistes lyonnais, tant à Lyon qu’au niveau national et à l’étranger. Nous étions quatre membres fondateurs à l’époque, associés sur la base de la compétence : direction artistique, développement, communication et urbanisme.

Quand et comment a été prise la décision d’arrêter ?

La décision d’arrêter a été prise très récemment, à la rentrée, lorsque nous avons compris que nous étions vraiment dans le rouge. Elle n’a pas été facile. Nous avons essayé de trouver des solutions. Faire le choix d’une équipe salariée, contrairement à d’autres structures de même acabit, c’est une charge très lourde. Mais nos activités, très diverses, le justifiait. Nous avions besoin de ces appuis. Nous avons pris le temps, entre le moment de la décision et l’annonce, de replacer les salariés de l’équipe actuelle.

Comment était financée l’association ?

À 95% d’autofinancements. Nous essayions d’être à l’équilibre et disposions de subventions pour des projets précis, pas vraiment pour le fonctionnement.

« C’est la vie. Ça va passer… »
Miss Tic

Que regretterez-vous le plus ? Que regretterez-vous le moins ? Il y a-t-il eu des actes manqués, des occasions manquées ?

Sincèrement, je ne regrette pas grand chose de cette aventure. Il y a ce côté humain passionnant. Nous avons appris beaucoup de choses.

Ce que je regrette le moins, c’est d’avoir donné sept ans de ma vie à ce projet. C’est un projet avec lequel j’ai grandi. Toute l’équipe a grandi avec ce projet. Les artistes aussi. Nous avons monté des choses qui resterons gravées pour toujours, dans nos mémoires, des expositions dingues, dont on peut être fier.

Pas vraiment d’actes manqués non plus, parce que nous avons beaucoup fonctionné à l’intuition et l’aventure Superposition a été jalonnée d’opportunités. Nous avons eu la chance d’occuper des lieux incroyables : le Fort, la Tour, les Ateliers Cosy, la Cité des Halles de Lyon. Les opportunités, nous avons su les saisir. Ce qu’il faut retenir, c’est la fragilité d’un modèle.

C’est-à-dire ?

Une association n’a pas le droit de faire de l’argent sur ce qui, pourtant, finance la culture, ce que l’on appelle « du bar ». Au-delà d’un certain montant, ce mode de financement est considéré comme lucratif. Or, « le bar » nous permettait de financer la majeure partie des projets.

Il arrive simplement un moment où il faut être rationnel, affronter la réalité du monde dans lequel on évolue

Superposition semble être un collectif très féminin ? Est-ce une vue de l’esprit, une idée ou un parti pris ?

L’équipe est, effectivement, en majorité féminine. Il n’y avait pas eu de priorisation des femmes. On s’occupe beaucoup d’artistes hommes. Il nous fallait trouver l’équilibre. Cela dit, je suis très engagée pour la cause féministe. C’est un sujet qui nous tient toutes et tous à cœur…

Ce fut un plaisir de former, durant toutes ces années, des jeunes, femmes ou hommes, de les voir s’épanouir et grandir avec la structure.

Avez-vous une idée de la suite de votre collaboration, celle que vous souhaitez donner à votre action ?

« Je ne théorise pas ma création (…) Laisser l’interprétation libre, c’est laisser une ouverture au sens, au monde, au sens du monde… »

Miss Tic

Faut-il être financièrement riche pour parler, faire, vivre de l’art aujourd’hui ?

On pourrait en débattre longuement…

Je ne crois qu’il faille être riche, financièrement, s’entend. Il faut disposer d’un bagage culturel riche. Il faut être riche d’esprit, si je peux retourner ainsi la question.

Qu’est-ce qui permettrait à des initiatives telles que celles-ci de vivre mieux, d’exister longtemps, de faire mentir les statistiques ?

Un système de subvention différent. Le mécénat aussi, qui accompagne beaucoup les structures de cette dimension. C’était prévu mais nous n’avons pas eu le temps de le mettre en place. Le mécénat de compétence aussi, de la part de certaines entreprises. Un système fiscal qui évoluerait…

Il y a plein de moyens à imaginer. Il est évident que les projets d’intérêt général doivent trouver leur place dans notre société. Il faudrait trouver un moyen de les pérenniser. Il est peut-être là mon seul regret : n’avoir pas pu pérenniser l’activité.

Le mot de la fin ?

Il faut s’engager.

Il faut encourager les jeunes à créer des structures pleines de sens. Il ne faut pas craindre de vivre ces émotions-là : elles sont merveilleuses.

Il faut encourager tout un chacun à créer des projets que je souhaite aussi beaux pour eux que Superposition l’a été pour nous.


« Pour finir en beauté »
(Communiqué Superposition)

« Mardi 17 janvier, nous avons annoncé avec le cœur noué la fermeture de Superposition. Mais vous nous connaissez, on va partir en beauté et fêter ensemble la fin de cette merveilleuse aventure ».

« Le Game Over« 
(9 février 2023)

« Afin de soutenir l’association et de l’aider à clôturer cette belle aventure, nous vous invitons à une dernière soirée de soutien : la célébration du Game over. Cette soirée sera ponctuée de prises de parole, de projections du film de Thomas Ayrignac et d’un film des temps forts de l’association, de vente d’oeuvres et lots -disponibles en galerie et sur le catalogue- et d’encore bien d’autres surprises… »

« Le plus grand vide atelier de la planète« 
(16 février 2023)

Avec la catalogue, pour tout voir, mieux savoir

« L’ultime soutien« 

La Galerie Superposition fermera ses portes le 16 février 2023 au soir.

Crédit photos : @Superposition

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