Mystique, Miss Tic – Inscrire une femme remarquable dans la mémoire de Paris

« J’ai tendance à rêver très haut ». Miss Tic est née Radhia Novat, le 20 février 1956 à Paris. Son engagement politique s’inscrit loin des habitudes, des carcans, dans la vie et la liberté, cet effort à goûter, à tenter, à défendre, dans l’art et sa représentation des femmes. Elle dira « Je suis souvent cataloguée comme féministe. Dès que l’on est une femme qui s’exprime et qui pense, on est féministe. Je le suis comme une évidence. Mais je ne suis pas une militante ». Avec La Gabin, artiste, elle décrète un 8 mars, Journée de la salope. C’est à lire dans un livre flashback où elle se raconte. Un an, jour pour jour, après son décès, patchwork de ses mots, couplés à ceux de celles et ceux qui l’ont connue, croisée, rencontrée. Comme Sophie qui insiste : « Fais un beau portrait d’elle. C’était une femme remarquable ».

Ce qui m’inspire le plus dans la vie, c’est la vie

S’il fallait définir son travail en trois mots ?

« Pour définir mon travail en trois mots, je dirai audacieuse, populaire et sensuel. J’ai hésité avec sexy mais je préfère sensuel » (Interview Galerie Sakura)

Je suis totalement autodidacte.
Je n’ai aucune formation. Je n’ai que des déformations
(Interview Galerie Sakura)

Ses influences ? Ses inspirations ?

« Les dadaïstes, les surréalistes, les situationnistes, les lettristes, les nouveaux réalistes, les droguistes, le rock and roll, le Rimbaud, le subversif toutes catégories, les enfants du Paradis, les femmes qui courent avec les loups, les romantiques qui prennent la rosée pour du rosé d’Anjou, l’utopiste debout, les mamans et les putains, les piétons de paris, les Claudettes, les gens de Dublin, les Miss Argentina et surtout les animaux » (Flashback, 30 ans de création)

C’est pour ce dessin que je suis poursuivie aujourd’hui, mais je n’ai aucune regret. Parce que je m’offre la plus belle galerie du monde, Paris. La légende Miss Tic, Culture Prime, France télévision

Quelle place occupe-t-elle dans le milieu de l’art ?

«Ne relevant ni tout à fait de l’histoire du street art, ni tout à fait de celle du graffiti», pour le spécialiste du street art et commissaire d’exposition au Palais de Tokyo Hugo Vitrani, Miss. Tic est à part : «elle représente une veine poétique de l’art de la rue, avec ses jeux de mots mis en dessins.» Si sa poésie urbaine n’a pas vraiment fait école, c’est au fond plutôt du côté des Femen et des colleuses que l’on pourrait lui chercher une descendance. Une féministe d’avant MeToo ». (Libération, Miss. Tic, fin de combat pour une guérillera poétique)

Pourquoi cette femme ? Pourquoi ‘ses’ femmes ?

« J’ai aimé un imbécile. C’est arrivé à beaucoup de femmes. Il m’a dit qu’il ne voulait plus me voir en peinture. Maintenant, il ne me voit plus qu’en peinture ». La légende Miss Tic, Culture Prime, France télévision

« Je détourne, la plupart du temps, les femmes qui sont dans les revues féminines, dans la mode ». Je me suis servie de l’image des femmes que l’on nous donne à voir dans la publicité, dans les médias, dans les magazines féminins, qui est l’image générique de la femme »

L’homme est un loup pour l’homme et un relou pour la femme

Féministe ?

« Je n’ai pas de message. Je fais de la poésie. Et c’est aux gens d’imaginer ce qu’il veulent ».

« Je suis anarchiste, hédoniste. Je suis pleine de « iste ». En fait, je pense que je suis pire que féministe – MISS TIC – Rencontre avec une icône de l’art urbain – ART Interview

Art de rue contre galerie ?

« Je n’aime pas être enfermée dans la rue. J’aime l’intérieur, l’extérieur, l’intime, le privé, le public et je pense que les choses ne s’annulent pas entre elles… » La légende Miss Tic, Culture Prime, France télévision

Miss-Tic - Street- artiste - art- urbain- femme - capitaines - 14
Paris, 13ème arrondissement, La Butte aux Cailles

Graffeuse ou poète ?

« J’ai décidé d’écrire sur les murs. Comme c’était tout nouveau, au début des années 80, c’était subversif, c’était transgressif et c’est cela qui m’a plu, intéressé. J’ai tout de suite su que je voulais m’inscrire dans la mémoire de Paris, que j’avais quelque chose à faire, là. Je ne me suis pas lassée d’écrire sur les murs. Ce qui m’a surprise, ce qui me surprend toujours, c’est que je pensais que d’autres se mettraient à écrire sur les murs. Je pensais que cela ferait sortir les poètes dans la rue. Je n’ai pas été suivie. Tout ce qui est image, c’est très riche mais les poètes sont restés dans leur club, le club des poètes. C’est dommage. Cela aurait donné un autre mouvement, plus littéraire ».

Pourquoi on existe ? Pourquoi on s’agite ? Pour moi, pour le désir. Celui de désirer toujours et encore. Comme disait Paul Éluard, le dur désir de durer.
Portrait, Thomas Granovsky

Qu’est-ce que l’art ? Qu’est-ce qu’un.e artiste ?

« Les prétendus artistes songent souvent plus à faire carrière qu’à faire œuvre ».

« Je ne théorise pas ma création (…) Laisser l’interprétation libre, c’est laisser une ouverture au sens, au monde, au sens du monde… »

« Être artiste, c’est une façon d’être au monde. C’est l’espace où je me sens la plus libre » . Rencontre avec une icône de l’art urbain – ART Interview

Le trait de caractère qui me définit le plus serait l’indépendance.
C’est un gros travail mais j’essaie d’être libre et de le rester.

Que reste-t-il ?…

« La Miss était une figure incontournable du street art français car à l’image de ses icônes, insoumises et libres. Ses blessures étaient comme une proue et un moteur qui lui permettaient d’avancer et d’enfoncer les portes. Avec son talent, ses fragilités étaient sa richesse… » Carl Huguenin, fondateur-gérant de la Librairie Artazart 

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Miss Tic et Carl Huguenin. Lancement de Stencil Graffiti, 2002 – ©ARTAZART, tous droits réservés

« Un gros caractère. Une détermination. Une grande vivacité. Sans langue de bois, abordable. Le succès n’a pas crée de carapace. Elle était vivante, au-dessus du lot, du fait de toutes ces qualités qui lui étaient naturelles. On se retrouvait régulièrement, par l’intermédiaire d’un ami commun… Fais d’elle un beau portrait. C’était une personne remarquable… ». Sophie, une relation amicale

Crédit photo
MissTicinParis – Site officiel

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Miss Tic in Paris, site officiel

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