L’amour au temps des GAFA (et cetera) – 2/10

(…)
On n’échange ni ne se complète: on compose le meilleur des mélanges pour exister en société. Mieux qu’en économie, c’est dans le couple que le capitalisme a gagné. Pour le reste ?

Il est ailleurs.

Un ailleurs qui ne sera sans doute jamais plus que cela, ailleurs, puisque l’ici, le maintenant est établi.

Grégory et Emma

Grégory et Emma forment un couple heureux depuis plusieurs années. Ils ont trois enfants, un bel appartement, une vie sociale établie, de bien plaisantes relations familiales et plus du tout de libido. Grégory s’interroge sur la cause des malheurs d’Emma. Emma punit Grégory de ne plus lui apporter l’excitation des premiers temps. Grégory tente pourtant, tous les jours et par tous les moyens, de satisfaire Emma, rien n’y fait : la porte de ses envies reste close et les vannes de ses humeurs ne cessent d’inonder leur quotidien de remontrances réelles ou de critiques voilées.

Un ailleurs qui ne sera sans doute jamais que cela, ailleurs, puisque l’ici, le maintenant est établi.

Emma et Grégory sont de ceux qui considèrent l’infidélité dans le couple avec une certaine bienveillance. Une bienveillance salvatrice.

Emma est amoureuse de Grégory. De l’avis de leur entourage, Grégory l’est un peu moins. Elle-même l’avoue : des deux, elle aime le plus. Amoureux, Grégory l’a été auparavant, il y a longtemps. Il a tellement aimé qu’il a cru, selon ses propres termes, en devenir fou. Il a donc choisi Emma.

Grégory et Emma cherchent toujours les clés pour rouvrir les portes du désir et de l’épanouissement. Pour l’heure, l’ajout d’un.e autre ne les tente pas. Nous y reviendrons. Attardons-nous un instant sur la diversité des choix, sur l’offre.

Diversité

La raison du plus fort étant la meilleure, une hiérarchie s’établit qui classe, les femmes surtout – sans doute pas uniquement mais enfin, l’alternative est plus rare, n’est-ce pas ? – celles (et ceux) qui n’y prennent garde, en deux grandes catégories : celles de l’ici et celles de l’ailleurs.

« Il me couvrit de joliesses, de sucreries, cette petite monnaie marquée imbécile avec laquelle les hommes paient les femmes, ces petits mots côtés en bourse, qui servent de mors et nous enlèvent le mordant de la lucidité (…)
L’épouse symbolisait ce chef-d’œuvre de femmes auquel les hommes aux dents longues plus qu’un plancher devaient leur pouvoir, leur richesses, leur carrière et leur tranquillité
 »
(Calixte Beyala, L’homme qui m’offrait le ciel)

Elles et les autres. Amas et concurrence. Concurrence et compétition. Compétition au sein de laquelle les dès sont pipés, le terrain miné. Compétition au sein de laquelle personne ne gagne : ni l’ici, ni l’ailleurs, ni celle/celui qui le détermine. Tout un monde s’use en tergiversations sans quêter le fond.

Quel est-il ?

Il y a celles et ceux avec lesquelles on peut décemment envisager de construire une vie et celles et ceux avec lesquelles il ne saurait en être question. Dans ce grand champ de pragmatisme, où tout se mesure pourtant à la valeur, l’intensité,  la profondeur, la témérité sont des ennemis.

La raison du plus fort est toujours la meilleure.

Le plus fort est celui qui autorise, celui qui détermine les règles. Les autres sont tous ceux qui acceptent.

(…)

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